Assas, lieu d’une lutte emblématique contre l’urbanisation déshumanisante.
Assas, magnifique village héraultais, aux portes de Montpellier, se retrouve face à un défi qui ébranle sa propre identité et questionne d’une manière plus globale une course funeste à la construction massive et standardisée. Deux visions aux intérêts divergents s’affrontent : l’urbanisation ultra-rapide et disproportionnée bouleversant de façon dramatique le cadre de vie contre un projet de développement global défendu par MVA, progressif et harmonieux, conciliant mise en valeur des richesses et préservation de la qualité de vie. Face à ces enjeux, quel est le destin du village d’Assas ?
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Assas, est un bourg de 1500 âmes au pied du Pic Saint-Loup, un petit « joyau » qui jouit d’une situation idyllique très prisée. Situé à moins de 10 kilomètres de Montpellier, entre mer, vignes et garrigues, perché sur son promontoire, il fait face au Pic Saint-Loup et invite à la découverte de richesses historiques, patrimoniales et naturelles.
Assas ne peut que susciter des convoitises, en particulier de la part des professionnels de l’immobilier. Via son Plan Local d’Urbanisme prévoyant une augmentation de 500 habitants, soit 33 % de la population en une dizaine d’année, la municipalité envisage de déléguer la politique urbanistique et architecturale du territoire aux promoteurs-aménageurs. Les conséquences en seraient désastreuses, comme l’ont déjà constaté les villages voisins : destruction irréversible du patrimoine et du paysage, suppression définitive du charme et de son attractivité et la création de « quartiers bétonnés » non intégrés et asociaux.
Un collectif de défense se développe dans le village contre cette urbanisation outrancière et irraisonnée, un fléau qui sévit à l’échelle du pays. Il s’agit depuis la loi ALUR[1] d’une lame de fond sans précédent qui déferle dans nos villes et nos villages de manière inexorable. La loi ELAN[2] en vigueur depuis le 1er janvier 2019 confirme et soutient cette tendance en permettant de « faciliter la construction de nouveaux logements »[3].
Sous prétexte de développer l’accès au logement, par ailleurs utile et vertueux, s’opèrent des destructions, sans précédent, de lieux naturels ou patrimoniaux, de maisons de charme dans les centres villages qui font la singularité de nos villes et de nos villages. Notons par ailleurs que l’augmentation pléthorique de l’offre de logements ne s’accompagne pas, étonnamment, d’une diminution des prix d’acquisition des logements.
N’oublions pas enfin que la France est la première destination touristique au monde, la région Occitanie au premier chef. Certains de nos édiles ne semblent pas prendre conscience des enjeux qui se jouent actuellement concernant l’aménagement de nos territoires relégués, hélas, à des simples espaces fonciers à fortes valeurs commerciales et spéculatives. L’authenticité, la ruralité et l’identité de nos villages qui incarnent la force et les atouts de notre développement économique sont en cours de destruction. On assiste à une lente agonie dans un silence assourdissant… Et vers encore un peu plus de « France moche »[4].
L’association Mieux Vivre à Assas (MVA) s’y oppose vivement et tire la sonnette d’alarme comme le font ou l’ont déjà fait plusieurs associations locales et nationales.
MVA interpelle depuis de nombreux mois tous les acteurs institutionnels pour les sensibiliser à cette situation de sur-urbanisation inutile. En effet, contrairement à ce qu’affirment certains professionnels de l’immobilier la demande de logements est inférieure à l’offre actuelle comme l’a confirmé récemment l’INSEE dans une étude sur le secteur de Montpellier[5]
Alors que toutes les conditions et les ressources sont réunies pour offrir à ce village son classement en Site Patrimonial Remarquable (SPR)[6], la municipalité actuelle fait le choix de l’urbanisation massive et standardisée et renonce alors à cette opportunité unique d’un développement harmonieux, durable, vertueux et bien plus profitable.
Urbaniste, humaniste, biologiste et fondateur du Collège des Ecossais à Montpellier, Patrick Geddes fut aussi propriétaire du château d’Assas jusqu’en 1932. Sa pensée, mondialement connue, enseignée et plus que jamais d’actualité est un trésor inestimable pour penser le développement du village. Cette résistance prend ainsi à Assas, une saveur particulière et une forte résonance.
Elle incarne, au-delà d’une lutte symbolique et ô combien légitime, une vraie vision stratégique et de bon sens au profit de l’intérêt général et de l’esthétique de la région Occitanie et plus globalement de la France.
[2] Loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique
[3] https://www.gouvernement.fr/action/elan-une-loi-pour-l-evolution-du-logement-de-l-amenagement-et-du-numerique
[5] https://www.midilibre.fr/2018/02/21/montpellier-la-dynamique-immobiliere-plus-forte-que-la-croissance-demographique,1630635.php
[6] http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Monuments-historiques-Sites-patrimoniaux-remarquables/Presentation/Sites-patrimoniaux-remarquables
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